Quand les routines s'installent : oser transformer les pratiques collectives

Quand les routines s'installent : oser transformer les pratiques collectives

Quand les routines s'installent : oser transformer les pratiques collectives

Quand les routines s'installent : oser transformer les pratiques collectives

Une organisation, un monde d’habitudes

Les routines collectives ont une vertu : elles stabilisent l’action. Dans un environnement incertain, elles permettent aux équipes de “savoir quoi faire” sans se reposer la question à chaque fois. Mais ce qui rassure peut aussi enfermer : avec le temps, les routines deviennent invisibles, et d’autant plus difficiles à interroger.

Le sociologue britannique Anthony Giddens, avec sa théorie de la structuration, rappelle que les systèmes sociaux se reproduisent à travers les pratiques quotidiennes. Autrement dit : c’est en répétant les mêmes gestes, dans les mêmes contextes, que les organisations prennent forme… et se bloquent parfois. Ce n’est pas seulement ce qu’on décide qui structure une entreprise, mais ce qu’on fait sans plus y penser.


Quand la routine prend le pas sur l’intention

Dans une organisation que nous avons accompagnée, les réunions d’équipes hebdomadaires étaient censées être un lieu de coordination opérationnelle. Mais au fil du temps, elles avaient pris une tout autre tournure : une succession de comptes-rendus descendus du management, des sujets récurrents jamais tranchés, des tours de table inutiles… jusqu’à devenir une sorte de théâtre ritualisé où chacun faisait acte de présence, sans implication réelle.

Un cadre a eu cette formule frappante lors d’un entretien individuel :

« Je sais exactement à quel moment je dois hocher la tête, quand je peux ouvrir mon ordi pour répondre à mes mails sans que ça se voie. On ne s’écoute pas, on répète. »

Ces routines n’étaient pas “mauvaises” en soi. Elles s’étaient installées progressivement, dans une logique d’autoprotection. Ne pas aborder les sujets sensibles, éviter les confrontations, combler le vide de décision par des formats connus. Mais au final, ces habitudes empêchaient toute évolution réelle.

Ce que l’organisation gagnait en stabilité, elle le perdait en capacité d’ajustement.


Transformer sans brutaliser : le pari du pas de côté

Changer les routines ne se décrète pas. Cela demande d’abord de les rendre visibles, ce qui suppose un regard extérieur, une capacité à nommer sans juger. Ensuite, il faut créer des espaces d’expérimentation protégés : proposer des alternatives, tester d’autres modalités de réunion, ajuster les règles d’échange, faire émerger de nouveaux rôles… Le changement le plus durable n’est pas imposé : il est éprouvé collectivement, petit à petit.

La chercheuse américaine Ann Swidler parle de “culture toolkit” : un ensemble de pratiques, de savoir-faire, de manières de faire que les collectifs mobilisent dans l’action. Plutôt que de voir la culture comme un système de valeurs fixes guidant les comportements, elle l’approche comme un répertoire d’outils (un “toolkit”) que les individus mobilisent selon les contextes pour donner sens à leurs actions et les rendre possibles. Ce que Swidler montre, c’est que la culture ne détermine pas directement ce que les gens font : elle leur fournit les ressources symboliques, narratives, émotionnelles et pratiques qui rendent certaines façons d’agir pensables, légitimes et efficaces dans un contexte donné.

Enrichir cette boîte à outils est un acte stratégique : c’est permettre à l’organisation de faire face autrement à des problèmes anciens.


Transformer les pratiques collectives : quelques leviers concrets

• Mettre au jour les routines implicites qui freinent la coopération ou la réactivité

• Créer des espaces d’analyse réflexive sur les manières de travailler ensemble

• Accompagner l’expérimentation de nouveaux formats (réunion, décision, coordination…)

• Renforcer la capacité d’ajustement collectif sans perte de repère.


Faire évoluer les pratiques, c’est renforcer la vitalité organisationnelle

Les organisations trop figées finissent par s’éteindre à petit feu. À l’inverse, celles qui osent questionner leurs routines, qui acceptent le doute pour mieux ajuster l’action, cultivent une forme d’intelligence vivante. Transformer les pratiques collectives, ce n’est pas créer du changement pour le changement : c’est rouvrir la possibilité d’agir autrement, avec plus de justesse et de sens.



Nos articles ouvrent des perspectives, notre approche leur donne un cadre.

Mieux comprendre, pour mieux transformer. Découvrez notre accompagnement autour de la culture et des pratiques collectives.



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